Le ciel était voilé,
La route était obscure ;
Voyageur désolé,
J'errais à l'aventure.
Chaque arbre du chemin
Etait une menace,
Et je cherchais en vain
La porte de la Grâce,
La porte de la Grâce.
Enfin, las et transi,
Je tombai sur la route
En disant : « C'est ici
Que je mourrai, sans doute ! »
Quand un rayon des cieux
Pour moi perçant l'espace,
Vint montrer à mes yeux
La porte de la Grâce,
La porte de la Grâce.
Mais je doutais encor :
Se peut-il, ô merveille,
Que seule, quand tout dort,
La grâce toujours veille ?
« Pitié ! je vais mourir ! »
Murmurai-je à voix basse.
Et je la vis s'ouvrir
La porte de la Grâce,
La porte de la Grâce.
Et je vis, sur le seuil,
Debout dans la lumière,
Jésus ! Quel doux accueil
Il fit à ma misère !
« Je t'attendais ; pourquoi, »
Dit-il, « pauvre âme lasse,
Viens-tu si tard ? C'est Moi,
C'est Moi qui Suis la Grâce,
C'est Moi qui Suis la Grâce ! »