Salut, montagnes bien-aimées

Couplet
Salut, montagnes bien-aimées,
Pays sacré de nos aïeux !
Vos vertes cimes sont semées
De leurs souvenirs glorieux.
Elevez vos têtes chenues,
Espérou, Bougès, Aigoual !
De leur gloire qui monte aux nues,
Vous n'êtes que le piédestal.

Refrain
Esprit qui les fit vivre,
Anime leurs enfants,
Anime leurs enfants
Pour qu'ils sachent les suivre !

Couplet
Redites-nous, grottes profondes,
L'écho de leurs chants d'autrefois ;
Et vous, torrents qui, dans vos ondes,
Emportiez le bruit de leur voix !
Les uns, traqués de cime en cimes,
En vrais lions surent lutter ;
D'autres, ceux-là furent sublimes,
Surent mourir sans résister.

Couplet
Ô vétérans de nos vallées,
Vieux châtaigniers aux bras tordus,
Les cris des mères désolées,
Vous seuls les avez entendus !
Suspendus aux flancs des collines,
Vous seuls savez que d'ossements
Dorment là-bas, dans les ravines,
Jusqu'au grand jour des jugements !

Couplet
Dans quel granit, ô mes Cévennes,
Fut taillé ce peuple vainqueur ?
Quel sang avaient-ils dans les veines ?
Quel amour avaient-ils au cœur ?
L'Esprit de Christ était la vie
De ces pâtres émancipés,
Et dans le sang qui purifie
Leurs courages étaient trempés !

Couplet
Cévenols, le Dieu de nos pères
N'est-il pas notre Dieu toujours ?
Servons-le dans les jours prospères
Comme ils firent aux mauvais jours :
Et, vaillants comme ils surent l'être,
Nourris comme eux du pain des forts,
Donnons notre vie à ce Maître,
Pour lequel nos aïeux sont morts !