Ah ! pourquoi l'amitié

Couplet
Ah ! pourquoi l'amitié gémirait-elle encore
Sur ceux qui dans l'exil comme nous dispersés,
D'un jour consolateur ont vu briller l'aurore
Et que vers Canaan Dieu lui-même a poussés ?
Affranchis avant nous du mal qui nous dévore,
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.


Couplet
Oh ! combien ici-bas pesait à leur faiblesse
Ce fardeau de chagrins, sur leur tête amassés !
Et que leur pauvre cœur comptait avec tristesse
Tant d'heures, tant de jours dans la douleur passés !
Nouveau-nés de la tombe, et parés de jeunesse,
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.


Couplet
Qu'il est doux, dans les cieux, le réveil des fidèles !
Qu'avec ravissement, autour de Dieu pressés,
Ils unissent au son des harpes immortelles
Les hymnes de l'amour ici-bas commencés !
Amis, joignons nos voix à leurs voix fraternelles :
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.


Couplet
Le péché ni la mort ne sauraient les atteindre
Dans la haute retraite où Dieu les a placés ;
Leur tranquille regard contemple, sans les craindre,
Sous les pas des humains tant de pièges dressés.
Leur bonheur est au comble, et nous pourrions les plaindre !
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.
Ils ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.

Couplet
Puisse la même foi qui consola leur vie,
Nous ouvrir les sentiers que leur pas ont pressés,
Et, dirigeant nos pas vers la sainte patrie
Où leur bonheur s'accroît de leurs travaux passés,
Nous rendre ces objets de tendresse et d'envie,
Qui ne sont pas perdus, mais nous ont devancés.
Qui ne sont pas perdus, mais nous ont devancés.


Couplet
Quand le bruit de tes flots, l'aspect de ton rivage,
Ô Jourdain ! nous diront : « Vos travaux ont cessé »,
Au pays du salut, conquis par son courage,
Jésus nous recevra, triomphants et lassés,
Près de ces compagnons d'exil et d'héritage,
Qui ne sont pas perdus, mais nous ont devancés !
Qui ne sont pas perdus, mais nous ont devancés !