Viens, mon âme ! et contemple
            
              
              Un objet sans exemple :
            
              
              Le Dieu Sauveur en croix.
            
              
              On le frappe, ou l'outrage,
            
              
              On lui crache au visage :
            
              
              Il expire enfin sur le bois !
            
              
              Dans ce profond abîme,
            
              
              Dis-moi, sainte victime !
            
              
              Pourquoi tu descendis.
            
              
              Toi, le Saint et le Juste,
            
              
              Du bien, modèle auguste,
            
              
              Quels crimes as-tu donc commis ?
            
              
              C'est moi que la justice
            
              
              Condamnait au supplice,
            
              
              Moi qui devais mourir.
            
              
              Les tourments, les blessures,
            
              
              Les coups, les meurtrissures,
            
              
              C'est moi qui devais les souffrir.
            
              
              Tu te mets à ma place,
            
              
              Et ta croix change en grâce
            
              
              Ma condamnation.
            
              
              Sur ta tête sacrée,
            
              
              D'épines couronnée,
            
              
              Tu portas ma confusion.
            
              
              Je te suis redevable,
            
              
              Mon Sauveur adorable !
            
              
              De tout ce que je suis.
            
              
              Mon âme et tout mon être
            
              
              À toi seul doivent être :
            
              
              C'est le droit que tu t'es acquis.